Une femme marchera sur la Lune vers 2024

La Pleine Lune du 19 novembre 2021, à 18h. Joliette, Québec. Canon 6D Mark II, télescope Sky-Watcher Evostar 72ED, ISO 250, 1/320 seconde. Avec traitement Lightroom. Crédit: Anne Gauthier

Monochrome. Paysage accidenté. Cratères. Régions sombres, traînées lumineuses. Cercles. Milieu inhospitalier. Vide. Froid. Mystérieuse. Magnifique. Ce sont les mots qui me défilaient à l’esprit en prenant la photo de la Pleine Lune en novembre 2021 de mon jardin, chez moi.

La Lune est familière dans nos vies de Terriens, mais réussit constamment à nous étonner. Quand je l’observe, plusieurs sujets me viennent en tête. À quelle distance sommes-nous de la Lune? De quoi est-elle faite? Qu’est-ce qu’on voit? Qu’y a-t-il de l’autre côté non visible? À quoi ressemblerait la vie sur la Lune? Comment avons-nous fait pour nous rendre sur la Lune avec les programmes Apollo de la NASA? Mais surtout, je veux en savoir davantage sur le programme Artemis qui fera marcher la première femme sur notre satellite en plus de pousser encore plus loin nos connaissances.

Résultats d’une recherche sur la Lune grâce à une seule photo.

Liste d’observations à partir de la Terre

La nuit est noire.

La pollution lumineuse nous voile les yeux en régions urbaines. Ensuite, “… parce que la vitesse de la lumière est finie” et que l’Univers a une date de naissance [1 p.51-53] Les étoiles sont si lointaines, distribuées de façon non uniforme, et dans un Univers en constante expansion (et à l’infini), que leur lumière ne parvient pas jusqu’à nous. [1 p.32] Sachant que la lumière voyage à 300 000 km par seconde, en observant le ciel nocturne, nous regardons vers le passé. La lumière que nous percevons est issue d’un événement à un moment déterminé et ensuite sa lumière arrive à nous. Par exemple, étant donné que la distance entre la Lune et la Terre est d’un peu plus de 300 000 km, une lumière partant de la Terre mettra approximativement 1 seconde pour arriver à la Lune. Comparé au Soleil, la lumière prendra 8 minutes pour voyager entre les deux astres. [1 p.32] Je ne perçois donc plus le noir autour de la Lune et dans la voûte céleste comme une absence d’objet à observer, mais bien un élément à part entière.

Vue de la Terre à bord d’Apollo 11 (1969) pendant son voyage vers la Lune. Un astre de toute beauté, parmi des milliards d’autres. Crédit: NASA.

La Lune est illuminée.

C’est le Soleil qui l’éclaire. La Lune est visible autant de jour que de nuit, car elle tourne en orbite autour de la Terre. Son orbite n’est pas un cercle parfait, mais plutôt une ellipse dont la plus petite distance est de 356 000 km et la plus grande 407 000 km. [3 p.74] Elle est donc parfois “proche” de la Terre et à d’autres moments, plus loin.  D’où pourquoi nous observons différentes largeurs dans son diamètre. C’est l’attraction universelle, la gravité, qui attire et crée la satellisation de la Lune autour de la Terre. [3 p.84] 

La Lune serait un morceau de la Terre.

La Lune a 4.6 milliards d’années [2 p.13] et sa naissance fut violente. Un morceau de notre planète Terre s’est arraché dû à une énorme collision avec un objet de la taille de Mars, pour devenir une petite boule en orbite autour de nous. D’énormes météorites se sont ensuite fracassés sur la surface de la Lune, créant ainsi les cratères que nous pouvons observer encore aujourd’hui. 

Vue d’une partie de la Lune et de ses cratères à bord d’Apollo 8 (1968). Crédit: NASA.

Les chemins droits lumineux et éblouissants sont des “éclaboussures de roches pulvérisées et fondues projetées” des cratères. [2 p.13] Ensuite, durant son histoire, il y eut d’intenses éruptions volcaniques et ont formé les “mers” ou les grandes zones sombres. Étant donné qu’il n’y a pas d’atmosphère sur la Lune [2 p.10] protégeant ainsi sa surface, l’éclairage du Soleil définit donc clairement les formes. Soit c’est éclairé, soit c’est l’obscurité totale. Finalement, le sol lunaire est couvert d’une poussière nommée “régolite”. [5 p.17]

“Falcon”, le module lunaire Apollo 15 (1971) posé sur la régolite, la poussière lunaire. Crédit: NASA.

On sait ce qu’il y a sur la face cachée.

La Lune fait une rotation autour de la Terre d’une durée d’environ un mois, mais ne tourne pas sur elle-même. Nous voyons donc toujours le même côté de la Lune. L’autre côté est très différent. Il y a beaucoup moins de mers, étant donné que sa surface est plus épaisse que le côté visible: il y a eu moins d’éruptions volcaniques suite aux impacts avec les météorites. [5 p.58]

“Luna 3”  du programme russe en 1959 nous fait voir pour la première fois l’autre côté de la Lune. Crédit: Union of Soviet Socialist Republics sur le site de la NASA.

Les Chinois sont les premiers à alunir sur la face cachée de la Lune avec Chang’e 4 (nom d’une déesse chinoise de la Lune). C’était le 3 janvier 2019.

Crédit: TechInsider.

Nous connaissons autant la surface de la Lune que celle de la Terre.

Tout est catalogué: cratères, mers, montagnes… et depuis longtemps. Cependant, pendant des siècles, nous ne savions pas ce qu’il y avait sur la face cachée, comme le démontre cette carte ancienne:

Tabula Selenographica (cartographie lunaire) 1742. Crédit: Wikimedia Commons by Geographicus Rare Antique Maps.

Cette splendide illustration propose une comparaison entre la map de la Lune par Johannes Hevelius en 1647 (à gauche) et celle de Giovanni Battista Riccioli en 1651 (à droite). Hevelius nommait des points géographiques sur la Lune comme ceux qu’il connaissait sur la Terre, tel que “Sicilia” en Italie. Nous utilisons encore de nos jours plutôt les termes de Riccioli, comme “Sea of Tranquility” où Apollo 11 a aluni en 1969. Les différentes phases de la Lune sont également illustrées. Tout cela fut, en grande partie, possible grâce à l’invention de la lunette de Galilée pour observer les astres en 1609.

En observant la Lune, il est possible d’identifier les sites d’alunissage des missions Apollo, les mers et les cratères:

Carte d’alunissage des six missions d’Apollo. Crédit: NASA.

Une carte proposée par la NASA pour la journée internationale de la nuit d’observation de la Lune en octobre 2021. Les mers, les sites d’alunissage d’Apollo et des formes lunaires intéressantes à observer avec un télescope. Crédit: NASA.

Et si on observait la Terre avec les pieds sur la Lune

Florence Messineo, professeure de sciences physiques au lycée Henri IV (Paris) a écrit plusieurs livres, dont “Promenade sur la lune”. [3] Elle nous permet de nous imaginer qu’on marche sur la Lune et qu’on observe la Terre de loin. Voici un top 10 des points fascinants.

Apollo 17 (1972) sur la Lune avec vue sur Terre. Crédit: NASA.
  1. Difficile de déduire les distances dans un paysage monochrome aux contours extrêmement nets, partout. Sur Terre, grâce à l’atmosphère et aux couleurs, il est plus “facile” pour un humain de mesurer les distances, selon les différents plans visuels. [3 p.52]
  2. Les boussoles ne sont d’aucune utilité pour se repérer, car il y a peu de champ magnétique. La durée des journées est différente que sur Terre, donc on ne peut pas se fier qu’à midi le Soleil pointe vers le sud. [3 p.58]
  3. Pour qu’une onde sonore puisse se propager, il faut de la matière. Sur Terre, on entend par l’air, l’eau, même l’acier. Sur la Lune cependant, il n’y a pas d’atmosphère et la poussière est très absorbante. On n’entend rien. [3 p.67]
  4. La durée d’une journée sur la Lune équivaut à 29.5 jours terrestres: 15 jours de jour et 15 jours de nuit. [3 p.91]
  5. Il n’y a pas de saison sur la Lune. On définit une saison par la durée des jours. Sur la Lune, les jours sont sensiblement toujours de la même durée, et donc en équinoxe à longueur d’année. [3 p.95]
  6. Un observateur positionné sur la face cachée de la Lune ne verra jamais la Terre. [3 p.105]
  7. Durant un mois lunaire (29.5 jours), l’observateur verra les phases de la Terre comme nous voyons les huit phases de la Lune, incluant la pleine Terre. [3 p.109] “Quand c’est la pleine Lune sur la Terre, c’est la nouvelle Terre sur la Lune, quand c’est la pleine Terre sur la Lune, c’est la nouvelle Lune sur la Terre.” [3 p.111]
  8. Il n’y a pas de “lever et coucher de la Terre” sur la Lune. [3 p.111] La Terre semble immobile dans le ciel de la Lune et les phases de la Terre apparaissent successivement. [3 p.112]
  9. Le “clair de Terre” est “environ cinquante fois plus lumineux que le clair de (pleine) Lune.” Notre planète a un plus grand diamètre et en plus, est en couleurs dans un ciel noir. [3 p.121] 
  10. On voit la planète Terre tourner sur elle-même. Il est donc possible de reconnaître les continents, les océans, les pôles… [3 p.121]

Bonus: 

  • Étant donné qu’il n’y a pas d’atmosphère, on peut mieux distinguer les couleurs des étoiles. [3 p.131]
  • Nous ne pouvons identifier les mêmes constellations que nous avons nommées sur Terre, car nous n’observons pas du même angle. [3 p.131]
  • On voit le Soleil comme un disque blanc. [3 p.89]
Un astronaute d’Apollo 12 (1969) et le Soleil, un grand disque blanc éblouissant. Crédit: NASA.

Les voyages d’Apollo sur la Lune grâce à la collaboration avec des femmes scientifiques

Le nom du programme de la NASA vient du dieu grec du Soleil: Apollo. [5 p.60] Entre 1964 et 1976, on a posé les pieds sur la Lune six fois. [2 p.13] Au total, douze hommes auront fait cet exploit incroyable. 

L’astronaute David Scott à bord d’Apollo 9 (1969) regardant la Terre. Crédit: NASA.

Les astronautes ont le même réflexe que les voyageurs à bord d’un avion: prendre une photo du hublot. Dans le cas ici d’Apollo 10 (1969), on voit le module lunaire revenir au module de commande et de service après sa mission. Crédit: NASA.

Plusieurs femmes ont collaboré depuis la Terre au succès d’Apollo sur la Lune. De nombreux domaines d’expertise étaient nécessaires, dont une nouveauté: l’informatique. Margaret Hamilton et son équipe ont développé le logiciel qui a permis aux missions d’Apollo de marquer l’Histoire. Sa force fut notamment d’insister à procéder à de robustes tests afin de prévoir les erreurs et éviter l’inévitable. 

Margareth Hamilton, la femme qui a inventé le terme “génie logiciel” (software engineering), photographiée devant le code source du système embarqué d’Apollo. Crédit: NASA.

JoAnn Morgan était ingénieure (Measurement and Instrumentation Engineer and a Data Systems Engineer) [9] et fut la seule femme dans la salle de contrôle lors de l’envol d’Apollo 11. Elle avait fait ce choix de carrière, dans les années 60, car elle était dans une quête insatiable de nouvelles connaissances et d’exploration. [9]

JoAnn Morgan était la seule femme présente dans la salle de lancement, lors de la mission Apollo 11 (1969). Crédit: Le Parisien – NASA.

Nouveau programme Artemis de la NASA: Une femme marchera sur la Lune vers 2024

Artemis est le nom de la sœur jumelle du dieu grec du Soleil Apollo. Elle est également une déesse, mais plutôt associée à la Lune. Le programme qui succède à Apollo est présenté avec de la diversité dans toutes les équipes.

L’astronaute Christina H Koch en route vers l’International Space Station (ISS). Crédit: Christina H Koch – NASA.

Vidéo de la NASA expliquant pourquoi nous retournons sur la Lune et comment :

Crédit: NASA.

Conclusion

Une recherche fascinante grâce à une seule photo de la pleine Lune prise dans mon jardin.

Vidéo de National Geographic présentant une magnifique synthèse sur le sujet de notre satellite naturel:

Crédit: National Geographic.

Références

[1] Alimi, Jean-Michel. Pourquoi la nuit est-elle noire? [Paris] : Le Pommier, 2002. 
[2] Kitt, Michael T. La Lune : un guide d’observation pour l’astronome amateur. La Prairie : Broquet, c1994.
[3] Messineo, Florence. Promenade sur la Lune. Paris : Ellipses, c2008. 
[4] Lacroux, Jean. Découvrir la Lune. Paris : Larousse, 2005.
[5] Le Grand guide de l’astronomie 5e éd. GLENAT, 2020.
[6] Photos d’archive des programmes Apollo sur Flickr, NASA.
[7] NASA: Remember the Women Who Made #Apollo50th Possible
[8] Le Parisien: Apollo 11 : le «petit pas pour l’homme» n’aurait pas eu lieu sans ces femmes
[9] NASA: Rocket Fuel in Her Blood: The Story of JoAnn Morgan

Hasselblad: Top 30 des photos inédites des missions Apollo sur la Lune entre 1968 et 1972

1969 Moon Landing Press Release. Crédit: Hasselblad.


Le “Project Apollo Archive” a été créé en 1999 par le Johnson Space Center (NASA) avec le but de partager au public toutes les photos prises lors des incroyables missions Apollo qui ont amené douze humains à marcher sur la Lune. Depuis 2015, l’équipe a numérisé les images d’archive et les a publiées sur un compte Flickr. C’est comme si on pouvait revivre le moment avec les astronautes, comme si on y était. Gratuitement.

Quel type de caméra fut utilisé pour capturer ces moments historiques? Hasselblad: une compagnie suédoise créée en 1941. Un classique chic et haut de gamme. La raison de son lien avec la NASA remonte à une anecdote. À l’époque, au tout début du programme Apollo, le futur astronaute et passionné de photographie, Walter Schirra, proposa en 1962 à son équipe de la NASA d’utiliser plutôt un Hasselblad, une caméra qu’il avait personnellement. Il trouvait que les autres photos prises avec d’autres équipements n’étaient pas assez de qualité. C’est de cette façon qu’Hasselblad entra dans l’Histoire.

L’astronaute Walter Schirra avec une Hasselblad dans les mains. Crédit: NASA.

Les requis pour l’équipement étaient très complexes: la caméra devait supporter des températures extrêmes, en plus de fonctionner dans un environnement sans gravité comme sur Terre. Sans compter qu’elle allait être manipulée par des personnes vêtues d’un scaphandre. Gant inclus. Et dans ces conditions, les photos devaient être exceptionnelles. Il n’y avait pas de deuxième chance. 

Un astronaute sur la Lune avec son Hasselblad pour immortaliser l’événement historique. Apollo 12 (1969) Crédit: NASA.

Le succès de la compagnie Hasselblad est phénoménal. Les photos sont devenues très célèbres et même, iconiques.

Encore aujourd’hui, plusieurs caméras reposent sur la surface de la Lune, car la NASA était inquiète du poids de la capsule pour ramener les astronautes sur Terre. Ils devaient donc retirer les pellicules et laisser les boîtiers derrière eux pour rentrer à la maison. [1]

J’ai passé une journée entière à naviguer dans cette bibliothèque historique. J’ai revu les images qui ont marqué notre imaginaire. Cependant, durant mes recherches, ce sont les photos imparfaites qui m’ont le plus fasciné. Celles qui n’ont pas été sélectionné pour être publiées dans les plus grands journaux du monde entier. Elles démontrent les efforts humains colossaux dans un contexte extraordinaire: des voyages sur la Lune. Voici mon top 30 coup de cœur.

Top 30 des photos inédites des missions Apollo 8 à Apollo 17

Apollo 7 (1968). Orbite autour de la Terre. Crédit: NASA.

Apollo 7 (1968). Orbite autour de la Terre. Crédit: NASA.

Apollo 7 (1968). Orbite autour de la Terre. Crédit: NASA.

Apollo 7 (1968). Orbite autour de la Terre. Crédit: NASA.

Apollo 7 (1968). Orbite autour de la Terre. Crédit: NASA.

Apollo 8 (1968). Orbite autour de la Lune. Crédit: NASA.

Apollo 8 (1968). Orbite autour de la Lune. Crédit: NASA.

Apollo 8 (1968). Orbite autour de la Lune. Crédit: NASA.

Apollo 8 (1968). Orbite autour de la Lune. Crédit: NASA.

Apollo 8 (1968). Orbite autour de la Lune. Crédit: NASA.

Apollo 9 (1969). Orbite autour de la Terre. Crédit: NASA.

Apollo 9 (1969). Orbite autour de la Terre. Crédit: NASA.

Apollo 9 (1969). Orbite autour de la Terre. Crédit: NASA.

Apollo 9 (1969). Orbite autour de la Terre. Crédit: NASA.

Apollo 9 (1969). Orbite autour de la Terre. Crédit: NASA.

Apollo 9 (1969). Orbite autour de la Terre. Crédit: NASA.

Apollo 10 (1969). Crédit: NASA.

Apollo 10 (1969). Crédit: NASA.

Apollo 11 (1969). Crédit: NASA.

Apollo 11 (1969). Crédit: NASA.

Apollo 11 (1969). Crédit: NASA.

Apollo 11 (1969). Crédit: NASA.

Apollo 11 (1969). Crédit: NASA.

Apollo 11 (1969). Crédit: NASA.

Apollo 12 (1969). Crédit: NASA.

Apollo 12 (1969). Crédit: NASA.

Apollo 12 (1969). Crédit: NASA.

Apollo 13 (1970). Crédit: NASA.

Apollo 13 (1970). Crédit: NASA.

Apollo 13 (1970). Crédit: NASA.

Apollo 15 (1971). Crédit: NASA.

Apollo 16 (1972). Crédit: NASA.

Apollo 16 (1972). Crédit: NASA.

Apollo 16 (1972). Crédit: NASA.

Apollo 17 (1972). Crédit: NASA.

Apollo 17 (1972). Crédit: NASA.

Apollo 17 (1972). Crédit: NASA.

Références

[1] Hasselblad History: In Space
[2] Photos d’archive des programmes Apollo sur Flickr, NASA.

La NASA célèbre les 50 ans du programme Apollo

Visite guidée sur le site de lancement historique des missions sur la Lune

Logo de la NASA à l’entrée du Kennedy Space Center, Floride. Crédit: Anne Gauthier

En arrivant au Kennedy Space Center, sur le site de la NASA à Cape Canaveral (Floride), vous allez embarquer dans un autobus privé qui vous conduira à un des musées d’art et d’ingénierie les plus iconiques de l’histoire de l’humanité. Grandeur nature.

Dans une salle sombre, soudain s’ouvriront des écrans d’une autre époque. Une lumière bleutée vous permettra de voir des dizaines de vieux ordinaires, soudés l’un à l’autre comme un énorme tableau de bord. Le président des États-Unis John F. Kennedy sera vivant sur l’écran central.

Reproduction de la salle de contrôle du programme Apollo, Kennedy Space Center. Crédit: Anne Gauthier

Vous allez revivre le lancement de la mission d’Apollo qui permit, en 1969, aux astronautes Neil Armstrong et Buzz Aldrin, de marcher sur la Lune. Ils seront les premiers sur 12 au total jusqu’en 1972.

Après ce voyage dans le temps, vous n’avez rien vu encore.

Vous serez invités à suivre un corridor qui vous amènera à un hangar. Et c’est à ce moment que vous allez réaliser l’exploit technologique nécessaire pour assouvir notre soif d’exploration extra-terrestre.

Elle repose là, accrochée à l’infrastructure. Le bleu du hangar vous rappelle le ciel. Le premier regard est éparpillé, car plusieurs couleurs vives attirent votre attention. En reprenant vos esprits, après quelques dizaines de secondes, vous remarquez les cinq moteurs F-1 de Rocketdyne pouvant produire 7.5 millions de livres de poussée. Ils sont juste au-dessus de votre tête. Chaque moteur mesure 19 X 12 pieds et pèse plus de 18 000 livres. Ils brûlent du kérosène et de l’oxygène liquide.

Votre cou est dans une posture perpendiculaire à vos corps et vous faites quelques pas sous l’énorme pièce. Vous réalisez maintenant que c’est la fusée Saturn V qui a rendu possible le programme Apollo. La fusée s’étend sur 363 pieds. C’est comme un immeuble de 36 étages sur l’horizontale flotte devant vos yeux.

Étape 1 de la fusée Saturn V et les cinq moteurs F-1. Kennedy Space Center. Crédit: Anne Gauthier

Ces moteurs ultra-puissants n’étaient que l’étape 1 de 3 dans l’ascension. En effet, pour amener les astronautes sur la Lune, il y a différentes étapes techniques à franchir et donc la fusée Saturn V a trois sections: les S-IC, S-II et S-IVB. Ces sections se détachent de la fusée à des moments précis. Chaque énorme compartiment tombera éventuellement dans l’océan Atlantique à différentes distances du site de lancement. Les équipes sur Terre tenteront de les retrouver, mais ils n’y parviendront pas toujours.

L’étape 1 se déclenche avec les cinq moteurs F-1 à feu. La fusée commence à peine à se soulever de la Terre. Selon les scientifiques, le bruit provoqué par le lancement d’Apollo est un des plus intenses jamais enregistrés, autant par l’humain que par la nature. Les vibrations se font ressentir à plusieurs kilomètres à la ronde. Cette étape est responsable d’amener la fusée à 61 kilomètres de la Terre, en 2.5 minutes. Les astronautes subissent une très grande force gravitationnelle qui les écrase dans leur capsule.

L’étape 2 possède cinq autres moteurs de modèle J-2. Ceux-ci brûlent de l’hydrogène liquide ainsi que de l’oxygène liquide. En 6 minutes, la fusée peut maintenant atteindre une altitude de 185 km avec une vitesse de plus de 24 000 km/h.

Étape 2 de la fusée Saturn V et les cinq moteurs J-2. Kennedy Space Center. Crédit: Anne Gauthier

Finalement, l’étape 3 est divisée en deux temps et elle possède un seul moteur J-2. L’objectif est d’amener la fusée en orbite terrestre basse. À ce moment, le vaisseau spatial est toujours attaché à l’étape 3 (S-IVB) et ils éteignent le moteur. Les astronautes tournent autour de la Terre le temps de vérifier si les systèmes sont bien fonctionnels avant de partir vers la Lune. Quand tout est prêt, ils déclenchent le Trans Lunar Injection qui permet de redémarrer le moteur, et fuir la gravité terrestre collante à plus de 38 000 km/h.

Étape 3 de la fusée Saturn V et le moteur J-2. Kennedy Space Center. Crédit: Anne Gauthier

Accroché à l’étape 3 de Saturn V, il y a les ordinateurs dans l’Instrument Unit. Cette bague gigantesque est extraordinaire pour l’époque. C’est la compagnie International Business Machines (IBM) qui a conçu cette portion avec les plans de conception des ingénieurs de la NASA. Le cerveau de la fusée a 21 pieds de diamètre et pèse approximativement 4 000 livres. Grâce aux calculs, l’unité permettait de déterminer quand allumer les moteurs, mesurer l’altitude, l’accélération, la vélocité, la position, l’état de santé des moteurs et plus encore.

Instrument Unit (les ordinateurs) de la fusée Saturn V. Kennedy Space Center. Crédit: Anne Gauthier

Le voyage n’est pas encore terminé. Le Command and Service Module (CSM) se sépare de l’étape 3. Le pilote doit conduire Columbia vers le module lunaire Eagle. Finalement, “The Eagle has landed…” Les astronautes sont arrivés sur la Lune.

Module lunaire Eagle. Kennedy Space Center. Crédit: Anne Gauthier
Vue de la fusée Saturn V dans son ensemble incluant le vaisseau spatial plus bas. Kennedy Space Center. Crédit: Anne Gauthier

La fusée Saturn V fut assemblée dans l’iconique bâtisse nommée VAB (Vehicle Assembly Building). Il y a 4 portes comme un garage, chacune faisant 456 pieds. Il faut compter 45 minutes pour les ouvrir ou les fermer.

Bâtisse (VAB) où la fusée Saturn V fut assemblée. À gauche, une tour ombilicale. Kennedy Space Center. Crédit: Anne Gauthier

La fusée Saturn V est ensuite transportée sur un transporteur à chenilles colossal, pesant 6 millions de tonnes, du VAB au site de lancement. Le parcours dure toute la journée tellement il doit se déplacer lentement pour éviter toute catastrophe.

Crawler. Kennedy Space Center. Crédit: Anne Gauthier

À l’époque du programme d’Apollo, le contexte politique était différent d’aujourd’hui. C’était la guerre froide avec l’Union soviétique. Youri Gagarine, un Soviétique, fut le premier homme dans l’espace, et ce, en 1961. Kennedy avait donné la décennie (#délaitrèscourt) pour que les Américains reprennent la première place dans la course vers la Lune.

Quelques années après les succès d’Apollo, le programme fut dissous par manque d’argent. Les politiques avaient changé, les priorités du budget aussi. La NASA proposait de grands programmes, comme aller sur Mars, mais le Congrès n’était pas convaincu.

Aujourd’hui, des compagnies privées de milliardaires prennent position. Dont SpaceX avec Elon Musk. Le modèle d’affaires a donc changé: ce n’est plus gouvernemental seulement, mais un partenariat avec le privé. De toute façon, la NASA ne pouvait plus fournir seule les sommes astronomiques pour rendre possibles les missions de recherche et d’exploration.

SpaceX d’Elon Musk sur le site de la NASA. Kennedy Space Center. Crédit: Anne Gauthier

Excellente nouvelle: la NASA a dernièrement annoncé un nouveau programme: Artemis — la sœur jumelle d’Apollo. Grâce à l’association de la NASA avec plusieurs agences spatiales internationales, dont le Canada, et un partenariat avec des compagnies privées, Artemis va repousser des humains sur la Lune. Dont une femme.

L’objectif de rester sur la Lune et l’utiliser comme étape pour aller vers Mars.


Autres références