La NASA célèbre les 50 ans du programme Apollo

Visite guidée sur le site de lancement historique des missions sur la Lune

Logo de la NASA à l’entrée du Kennedy Space Center, Floride. Crédit: Anne Gauthier

En arrivant au Kennedy Space Center, sur le site de la NASA à Cape Canaveral (Floride), vous allez embarquer dans un autobus privé qui vous conduira à un des musées d’art et d’ingénierie les plus iconiques de l’histoire de l’humanité. Grandeur nature.

Dans une salle sombre, soudain s’ouvriront des écrans d’une autre époque. Une lumière bleutée vous permettra de voir des dizaines de vieux ordinaires, soudés l’un à l’autre comme un énorme tableau de bord. Le président des États-Unis John F. Kennedy sera vivant sur l’écran central.

Reproduction de la salle de contrôle du programme Apollo, Kennedy Space Center. Crédit: Anne Gauthier

Vous allez revivre le lancement de la mission d’Apollo qui permit, en 1969, aux astronautes Neil Armstrong et Buzz Aldrin, de marcher sur la Lune. Ils seront les premiers sur 12 au total jusqu’en 1972.

Après ce voyage dans le temps, vous n’avez rien vu encore.

Vous serez invités à suivre un corridor qui vous amènera à un hangar. Et c’est à ce moment que vous allez réaliser l’exploit technologique nécessaire pour assouvir notre soif d’exploration extra-terrestre.

Elle repose là, accrochée à l’infrastructure. Le bleu du hangar vous rappelle le ciel. Le premier regard est éparpillé, car plusieurs couleurs vives attirent votre attention. En reprenant vos esprits, après quelques dizaines de secondes, vous remarquez les cinq moteurs F-1 de Rocketdyne pouvant produire 7.5 millions de livres de poussée. Ils sont juste au-dessus de votre tête. Chaque moteur mesure 19 X 12 pieds et pèse plus de 18 000 livres. Ils brûlent du kérosène et de l’oxygène liquide.

Votre cou est dans une posture perpendiculaire à vos corps et vous faites quelques pas sous l’énorme pièce. Vous réalisez maintenant que c’est la fusée Saturn V qui a rendu possible le programme Apollo. La fusée s’étend sur 363 pieds. C’est comme un immeuble de 36 étages sur l’horizontale flotte devant vos yeux.

Étape 1 de la fusée Saturn V et les cinq moteurs F-1. Kennedy Space Center. Crédit: Anne Gauthier

Ces moteurs ultra-puissants n’étaient que l’étape 1 de 3 dans l’ascension. En effet, pour amener les astronautes sur la Lune, il y a différentes étapes techniques à franchir et donc la fusée Saturn V a trois sections: les S-IC, S-II et S-IVB. Ces sections se détachent de la fusée à des moments précis. Chaque énorme compartiment tombera éventuellement dans l’océan Atlantique à différentes distances du site de lancement. Les équipes sur Terre tenteront de les retrouver, mais ils n’y parviendront pas toujours.

L’étape 1 se déclenche avec les cinq moteurs F-1 à feu. La fusée commence à peine à se soulever de la Terre. Selon les scientifiques, le bruit provoqué par le lancement d’Apollo est un des plus intenses jamais enregistrés, autant par l’humain que par la nature. Les vibrations se font ressentir à plusieurs kilomètres à la ronde. Cette étape est responsable d’amener la fusée à 61 kilomètres de la Terre, en 2.5 minutes. Les astronautes subissent une très grande force gravitationnelle qui les écrase dans leur capsule.

L’étape 2 possède cinq autres moteurs de modèle J-2. Ceux-ci brûlent de l’hydrogène liquide ainsi que de l’oxygène liquide. En 6 minutes, la fusée peut maintenant atteindre une altitude de 185 km avec une vitesse de plus de 24 000 km/h.

Étape 2 de la fusée Saturn V et les cinq moteurs J-2. Kennedy Space Center. Crédit: Anne Gauthier

Finalement, l’étape 3 est divisée en deux temps et elle possède un seul moteur J-2. L’objectif est d’amener la fusée en orbite terrestre basse. À ce moment, le vaisseau spatial est toujours attaché à l’étape 3 (S-IVB) et ils éteignent le moteur. Les astronautes tournent autour de la Terre le temps de vérifier si les systèmes sont bien fonctionnels avant de partir vers la Lune. Quand tout est prêt, ils déclenchent le Trans Lunar Injection qui permet de redémarrer le moteur, et fuir la gravité terrestre collante à plus de 38 000 km/h.

Étape 3 de la fusée Saturn V et le moteur J-2. Kennedy Space Center. Crédit: Anne Gauthier

Accroché à l’étape 3 de Saturn V, il y a les ordinateurs dans l’Instrument Unit. Cette bague gigantesque est extraordinaire pour l’époque. C’est la compagnie International Business Machines (IBM) qui a conçu cette portion avec les plans de conception des ingénieurs de la NASA. Le cerveau de la fusée a 21 pieds de diamètre et pèse approximativement 4 000 livres. Grâce aux calculs, l’unité permettait de déterminer quand allumer les moteurs, mesurer l’altitude, l’accélération, la vélocité, la position, l’état de santé des moteurs et plus encore.

Instrument Unit (les ordinateurs) de la fusée Saturn V. Kennedy Space Center. Crédit: Anne Gauthier

Le voyage n’est pas encore terminé. Le Command and Service Module (CSM) se sépare de l’étape 3. Le pilote doit conduire Columbia vers le module lunaire Eagle. Finalement, “The Eagle has landed…” Les astronautes sont arrivés sur la Lune.

Module lunaire Eagle. Kennedy Space Center. Crédit: Anne Gauthier
Vue de la fusée Saturn V dans son ensemble incluant le vaisseau spatial plus bas. Kennedy Space Center. Crédit: Anne Gauthier

La fusée Saturn V fut assemblée dans l’iconique bâtisse nommée VAB (Vehicle Assembly Building). Il y a 4 portes comme un garage, chacune faisant 456 pieds. Il faut compter 45 minutes pour les ouvrir ou les fermer.

Bâtisse (VAB) où la fusée Saturn V fut assemblée. À gauche, une tour ombilicale. Kennedy Space Center. Crédit: Anne Gauthier

La fusée Saturn V est ensuite transportée sur un transporteur à chenilles colossal, pesant 6 millions de tonnes, du VAB au site de lancement. Le parcours dure toute la journée tellement il doit se déplacer lentement pour éviter toute catastrophe.

Crawler. Kennedy Space Center. Crédit: Anne Gauthier

À l’époque du programme d’Apollo, le contexte politique était différent d’aujourd’hui. C’était la guerre froide avec l’Union soviétique. Youri Gagarine, un Soviétique, fut le premier homme dans l’espace, et ce, en 1961. Kennedy avait donné la décennie (#délaitrèscourt) pour que les Américains reprennent la première place dans la course vers la Lune.

Quelques années après les succès d’Apollo, le programme fut dissous par manque d’argent. Les politiques avaient changé, les priorités du budget aussi. La NASA proposait de grands programmes, comme aller sur Mars, mais le Congrès n’était pas convaincu.

Aujourd’hui, des compagnies privées de milliardaires prennent position. Dont SpaceX avec Elon Musk. Le modèle d’affaires a donc changé: ce n’est plus gouvernemental seulement, mais un partenariat avec le privé. De toute façon, la NASA ne pouvait plus fournir seule les sommes astronomiques pour rendre possibles les missions de recherche et d’exploration.

SpaceX d’Elon Musk sur le site de la NASA. Kennedy Space Center. Crédit: Anne Gauthier

Excellente nouvelle: la NASA a dernièrement annoncé un nouveau programme: Artemis — la sœur jumelle d’Apollo. Grâce à l’association de la NASA avec plusieurs agences spatiales internationales, dont le Canada, et un partenariat avec des compagnies privées, Artemis va repousser des humains sur la Lune. Dont une femme.

L’objectif de rester sur la Lune et l’utiliser comme étape pour aller vers Mars.


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