Photographier les aurores boréales: 6 leçons apprises

La Voie lactée, des aurores boréales et le Mount Logan Lodge, à Haines Junctions au Yukon (près du 61e parallèle) en mars 2022. Crédit: Anne Gauthier

Dans le registre de la photographie du ciel nocturne, les aurores boréales sont un sujet magique. Je suis partie au Yukon pour vivre cette expérience inoubliable.

Destination: Haines Junction près du 61e parallèle, à 2 heures de route de Whitehorse.

Carte du cercle des aurores boréales dans l’hémisphère Nord. Crédit: AstronomyNorth

Dans cet article, je décris 6 leçons que j’ai apprises pendant mon voyage d’une semaine au pays de la ruée vers l’or.

Que voyons-nous exactement?

Aux pôles de notre planète, lorsque les particules des vents solaires atteignent notre champ magnétique, nous avons droit au spectaculaire phénomène des aurores boréales.

Illustration des vents solaires qui rejoignent notre champ magnétique, créant ainsi les aurores boréales aux pôles de notre planète. Crédit: Agence spatiale canadienne
Crédit: Agence spatiale canadienne

Équipement pour photographier les aurores boréales 

  • Trépied Manfrotto
  • Boîtier Canon 6D Mark II
  • Lentille Sigma 14-24mm F2.8
  • Lumière frontale
  • Vêtements techniques très chauds (on reste immobile longtemps…)
  • Application mobile pour recevoir des alertes lorsqu’il y a des aurores boréales
  • Application mobile pour surveiller la météo et la couverture nuageuse
  • Bonus si c’est également la saison pour la Voie lactée: Application mobile pour repérer la trajectoire de la Voie lactée dans la voûte céleste 

Leçon 1: Choisir sa destination, le temps de l’année pour observer les aurores boréales, prévoir au moins 4-5 nuits et … ne pas avoir des attentes trop élevées

Le Yukon est fascinant. C’était mon coup de cœur pour vivre mes premières expériences en observation d’aurores boréales. Je suis partie une semaine à la fin mars 2022, voici pourquoi:

  1. La saison des aurores boréales au Yukon est théoriquement de la mi-août à la mi-avril;
  2. Je me suis décidée à partir en février, mais je devais attendre une semaine qu’il n’y avait pas de Lune, ce qui m’amène à la fin mars;
  3. Il y a trop de pollution lumineuse à Whitehorse, la capitale du Yukon, j’ai donc choisi la région de Kluane National Park and Reserve, plus spécifiquement parce que la plus haute montagne du Canada, le Mount Logan avec ses 5,959 mètres s’y trouve;
  4. J’ai prévu au moins 5 nuits pour maximiser mes chances d’en voir.

Malgré toutes mes bonnes volontés, les probabilités que je n’en voie aucune étaient élevées. Il suffit que le ciel se couvre de nuages et c’est fini. Ce sont des phénomènes naturels, nous n’avons donc aucun contrôle.

Surtout durant l’hiver au Yukon. Mais ça fait partie de la fabuleuse expérience.

Crédit: Anne Gauthier, Yukon 2022

Leçon 2: Se préparer à passer des nuits blanches dehors, au froid, pour admirer le spectacle

En début de nuit, le ciel offrait ses plus belles étoiles et même la Voie lactée. Mais pas d’aurore boréale. Il faut être patient. Crédit: Anne Gauthier

Pour ce type d’expérience, sur 5 jours, j’avais organisé une petite routine nocturne et glaciale:

  1. Prévoir plusieurs vêtements techniques, et en couches, pour se protéger du froid. Rester immobile longtemps peut glacer le sang rapidement, surtout quand il faut manipuler son équipement au froid, avec les doigts gelés.
  2. Des coups de vent inattendus peuvent arriver à tout moment. Je réglais mon trépied très bas pour éviter qu’il ne bascule et je restais toujours proche, au cas où. Donc, je devais être assise par terre. Un système de serviette de bain dans la salopette d’hiver sert non seulement comme une protection envers la neige, mais aussi de petit banc.
  3. J’étais toujours à un cheveu d’être enrhumée. Pour éviter d’hypothéquer le reste de mon voyage, je coupais mes nuits en 2 ou 3 séances pour aller boire du thé, me réchauffer et dormir un peu. Je savais que je devais rentrer quand je devenais étourdie et que mes épaules étaient lourdes comme un bloc de glace. 
  4. Les séances se déroulent entre 22 heures et 3 heures du matin. En coupant mes nuits en 3 séances, la persévérance est de mise, car il vient difficile de se lever au son du cadran pour une autre nuit, à 2h du matin. Mais ça vaut le coup de se rhabiller comme un astronaute pour aller voir dehors. 
  5. L’équipement au froid réagit différemment. Les batteries se déchargent plus rapidement. Il ne faut pas rentrer le boîtier et la lentille du froid au chaud. J’avais donc une batterie de caméra de rechange dans mon manteau d’hiver, collée dans ma chaleur. J’avais un sac étanche, ceux utilisés pour les sports aquatiques, afin d’y insérer ma caméra au complet et de le refermer soigneusement, et ce, dehors, au froid – avant de rentrer à l’intérieur. Ainsi, la condensation se fait à l’extérieur du sac étanche, et non sur la caméra et la lentille. Finalement, avoir une lampe frontale est essentiel.
  6. Il n’y a pas eu de 5e nuit, c’était couvert de nuages
Avec de la patience, les couleurs des aurores boréales sont réapparues. Comme une danse céleste. L’effet est tellement saisissant en vrai que les émotions montent rapidement aux yeux. Crédit: Anne Gauthier
C’était mon jour de chance: j’ai pu observer deux phénomènes extraordinaires en même temps: la Voie lactée et les aurores boréales, devant le Mount Logan Lodge, où j’étais logée. Crédit: Anne Gauthier

À ce moment, c’est la seule fois que j’ai observé les couleurs à l’œil nu. C’est comme si un rideau se déroulait doucement dans le ciel, très doucement. L’expression “à couper le souffle” prend tout son sens. Avec la tête basculée vers l’arrière pour voir tout le ciel, c’est un spectacle inoubliable. J’en ai encore des frissons.

Leçon 3: Effectuer des recherches visuelles de jour pour identifier les endroits où photographier les aurores boréales. Car elles partent et reviennent, à différents endroits dans le ciel 

Plusieurs avantages:

  1. C’est plus joli une photo ayant un point de repère terrestre avec une aurore boréale. Il faut avoir plusieurs options, car les plans peuvent changer vite;
  2. Éviter de se blesser. Un soir, j’ai dû, à la dernière minute, choisir un autre site que je ne connaissais pas. Arriver sur place et marcher dans l’environnement inconnu pour placer l’équipement m’ont valu plusieurs crises cardiaques en perdant pied, car je ne connaissais pas le terrain. Tomber c’est une chose, tomber avec l’équipement en est une autre. 
J’étais à court d’options pour cette séance et me déplacer était dangereux. J’ai fait ce que j’ai pu, mais il y a un beau poteau électrique dans la photo. Crédit: Anne Gauthier

Littéralement au milieu de nulle part au Yukon, les aurores boréales sont apparues de ce côté, il y avait le Mount Archibald au loin que j’ai essayé d’inclure: 

Aurore boréale discrète au-dessus du Mount Archibald. Crédit: Anne Gauthier
Aurore boréale couvrant la majorité du ciel au-dessus du Mount Archibald. Crédit: Anne Gauthier

Leçon 4: La caméra peut capter beaucoup plus de lumière et de couleur que notre oeil

Sur l’image ci-dessous, je ne voyais pas les aurores boréales de couleur verte dans le ciel. Je voyais plutôt des nuages gris danser dans le ciel. Ma caméra, elle, voyait les teintes vertes et mauves.  J’ai augmenté l’ISO pour observer jusqu’où ma caméra pouvait m’amener. Mais évidemment cet exercice nuit à la qualité des photos. C’est mieux de rester à ISO 800 maximum. Le boîtier était réglé à ouverture maximale, f2.8.

Aurore boréale au-dessus de la Old Gold Rush Cabin du Mount Logan Lodge. Crédit: Anne Gauthier
Les aurores boréales prennent des formes différentes au cours de leur spectacle. Crédit: Anne Gauthier
Une forme psychédélique d’aurore boréale en pointant la caméra perpendiculairement vers le ciel. Comme une forme d’art abstrait. Crédit: Anne Gauthier

Leçon 6: le Yukon est aussi à découvrir de jour, donc c’est un voyage de type “jour et nuit”

Durant le jour, je faisais de longues distances en voiture pour découvrir les paysages le long de la fameuse Alaska Highway. Je m’arrêtais régulièrement pour faire des randonnées en raquette, seule, au milieu de nulle part.

Je faisais une sieste en arrivant de mon road trip vers 16h. Je soupais au lodge vers 19h, une autre sieste et la nuit commençait.

L’hiver au Yukon, tout est blanc et les montagnes sont magnifiques. Crédit: Anne Gauthier

Les montagnes sont le charme indescriptible du Yukon. Crédit: Anne Gauthier

Une randonnée solo au milieu des montagnes, pays des ours, a quelque chose de très spirituel. Ici, sur la Alsek Valley Trail, devant le Mount Martha Black. Crédit: Anne Gauthier

Silver city. Crédit: Anne Gauthier

J’ai cherché longtemps la plage. Crédit: Anne Gauthier

Haines Highway, en Colombie-Britannique, tout près de l’Alaska. Crédit: Anne Gauthier

Un incontournable: faire l’expérience de conduire un traîneau à chiens au Run Wild Mushing. Crédit: Anne Gauthier

Georges, ce magnifique Alaskan Husky au Run Wild Mushing, est très spécial. Crédit: Anne Gauthier

En revenant de ce type de voyage, on réalise que nous sommes marqués à vie: il y a un “avant le Yukon” et un “après le Yukon”.

Lien vers Flickr pour d’autres photos du Yukon.

Une femme marchera sur la Lune vers 2024

La Pleine Lune du 19 novembre 2021, à 18h. Joliette, Québec. Canon 6D Mark II, télescope Sky-Watcher Evostar 72ED, ISO 250, 1/320 seconde. Avec traitement Lightroom. Crédit: Anne Gauthier

Monochrome. Paysage accidenté. Cratères. Régions sombres, traînées lumineuses. Cercles. Milieu inhospitalier. Vide. Froid. Mystérieuse. Magnifique. Ce sont les mots qui me défilaient à l’esprit en prenant la photo de la Pleine Lune en novembre 2021 de mon jardin, chez moi.

La Lune est familière dans nos vies de Terriens, mais réussit constamment à nous étonner. Quand je l’observe, plusieurs sujets me viennent en tête. À quelle distance sommes-nous de la Lune? De quoi est-elle faite? Qu’est-ce qu’on voit? Qu’y a-t-il de l’autre côté non visible? À quoi ressemblerait la vie sur la Lune? Comment avons-nous fait pour nous rendre sur la Lune avec les programmes Apollo de la NASA? Mais surtout, je veux en savoir davantage sur le programme Artemis qui fera marcher la première femme sur notre satellite en plus de pousser encore plus loin nos connaissances.

Résultats d’une recherche sur la Lune grâce à une seule photo.

Liste d’observations à partir de la Terre

La nuit est noire.

La pollution lumineuse nous voile les yeux en régions urbaines. Ensuite, “… parce que la vitesse de la lumière est finie” et que l’Univers a une date de naissance [1 p.51-53] Les étoiles sont si lointaines, distribuées de façon non uniforme, et dans un Univers en constante expansion (et à l’infini), que leur lumière ne parvient pas jusqu’à nous. [1 p.32] Sachant que la lumière voyage à 300 000 km par seconde, en observant le ciel nocturne, nous regardons vers le passé. La lumière que nous percevons est issue d’un événement à un moment déterminé et ensuite sa lumière arrive à nous. Par exemple, étant donné que la distance entre la Lune et la Terre est d’un peu plus de 300 000 km, une lumière partant de la Terre mettra approximativement 1 seconde pour arriver à la Lune. Comparé au Soleil, la lumière prendra 8 minutes pour voyager entre les deux astres. [1 p.32] Je ne perçois donc plus le noir autour de la Lune et dans la voûte céleste comme une absence d’objet à observer, mais bien un élément à part entière.

Vue de la Terre à bord d’Apollo 11 (1969) pendant son voyage vers la Lune. Un astre de toute beauté, parmi des milliards d’autres. Crédit: NASA.

La Lune est illuminée.

C’est le Soleil qui l’éclaire. La Lune est visible autant de jour que de nuit, car elle tourne en orbite autour de la Terre. Son orbite n’est pas un cercle parfait, mais plutôt une ellipse dont la plus petite distance est de 356 000 km et la plus grande 407 000 km. [3 p.74] Elle est donc parfois “proche” de la Terre et à d’autres moments, plus loin.  D’où pourquoi nous observons différentes largeurs dans son diamètre. C’est l’attraction universelle, la gravité, qui attire et crée la satellisation de la Lune autour de la Terre. [3 p.84] 

La Lune serait un morceau de la Terre.

La Lune a 4.6 milliards d’années [2 p.13] et sa naissance fut violente. Un morceau de notre planète Terre s’est arraché dû à une énorme collision avec un objet de la taille de Mars, pour devenir une petite boule en orbite autour de nous. D’énormes météorites se sont ensuite fracassés sur la surface de la Lune, créant ainsi les cratères que nous pouvons observer encore aujourd’hui. 

Vue d’une partie de la Lune et de ses cratères à bord d’Apollo 8 (1968). Crédit: NASA.

Les chemins droits lumineux et éblouissants sont des “éclaboussures de roches pulvérisées et fondues projetées” des cratères. [2 p.13] Ensuite, durant son histoire, il y eut d’intenses éruptions volcaniques et ont formé les “mers” ou les grandes zones sombres. Étant donné qu’il n’y a pas d’atmosphère sur la Lune [2 p.10] protégeant ainsi sa surface, l’éclairage du Soleil définit donc clairement les formes. Soit c’est éclairé, soit c’est l’obscurité totale. Finalement, le sol lunaire est couvert d’une poussière nommée “régolite”. [5 p.17]

“Falcon”, le module lunaire Apollo 15 (1971) posé sur la régolite, la poussière lunaire. Crédit: NASA.

On sait ce qu’il y a sur la face cachée.

La Lune fait une rotation autour de la Terre d’une durée d’environ un mois, mais ne tourne pas sur elle-même. Nous voyons donc toujours le même côté de la Lune. L’autre côté est très différent. Il y a beaucoup moins de mers, étant donné que sa surface est plus épaisse que le côté visible: il y a eu moins d’éruptions volcaniques suite aux impacts avec les météorites. [5 p.58]

“Luna 3”  du programme russe en 1959 nous fait voir pour la première fois l’autre côté de la Lune. Crédit: Union of Soviet Socialist Republics sur le site de la NASA.

Les Chinois sont les premiers à alunir sur la face cachée de la Lune avec Chang’e 4 (nom d’une déesse chinoise de la Lune). C’était le 3 janvier 2019.

Crédit: TechInsider.

Nous connaissons autant la surface de la Lune que celle de la Terre.

Tout est catalogué: cratères, mers, montagnes… et depuis longtemps. Cependant, pendant des siècles, nous ne savions pas ce qu’il y avait sur la face cachée, comme le démontre cette carte ancienne:

Tabula Selenographica (cartographie lunaire) 1742. Crédit: Wikimedia Commons by Geographicus Rare Antique Maps.

Cette splendide illustration propose une comparaison entre la map de la Lune par Johannes Hevelius en 1647 (à gauche) et celle de Giovanni Battista Riccioli en 1651 (à droite). Hevelius nommait des points géographiques sur la Lune comme ceux qu’il connaissait sur la Terre, tel que “Sicilia” en Italie. Nous utilisons encore de nos jours plutôt les termes de Riccioli, comme “Sea of Tranquility” où Apollo 11 a aluni en 1969. Les différentes phases de la Lune sont également illustrées. Tout cela fut, en grande partie, possible grâce à l’invention de la lunette de Galilée pour observer les astres en 1609.

En observant la Lune, il est possible d’identifier les sites d’alunissage des missions Apollo, les mers et les cratères:

Carte d’alunissage des six missions d’Apollo. Crédit: NASA.

Une carte proposée par la NASA pour la journée internationale de la nuit d’observation de la Lune en octobre 2021. Les mers, les sites d’alunissage d’Apollo et des formes lunaires intéressantes à observer avec un télescope. Crédit: NASA.

Et si on observait la Terre avec les pieds sur la Lune

Florence Messineo, professeure de sciences physiques au lycée Henri IV (Paris) a écrit plusieurs livres, dont “Promenade sur la lune”. [3] Elle nous permet de nous imaginer qu’on marche sur la Lune et qu’on observe la Terre de loin. Voici un top 10 des points fascinants.

Apollo 17 (1972) sur la Lune avec vue sur Terre. Crédit: NASA.
  1. Difficile de déduire les distances dans un paysage monochrome aux contours extrêmement nets, partout. Sur Terre, grâce à l’atmosphère et aux couleurs, il est plus “facile” pour un humain de mesurer les distances, selon les différents plans visuels. [3 p.52]
  2. Les boussoles ne sont d’aucune utilité pour se repérer, car il y a peu de champ magnétique. La durée des journées est différente que sur Terre, donc on ne peut pas se fier qu’à midi le Soleil pointe vers le sud. [3 p.58]
  3. Pour qu’une onde sonore puisse se propager, il faut de la matière. Sur Terre, on entend par l’air, l’eau, même l’acier. Sur la Lune cependant, il n’y a pas d’atmosphère et la poussière est très absorbante. On n’entend rien. [3 p.67]
  4. La durée d’une journée sur la Lune équivaut à 29.5 jours terrestres: 15 jours de jour et 15 jours de nuit. [3 p.91]
  5. Il n’y a pas de saison sur la Lune. On définit une saison par la durée des jours. Sur la Lune, les jours sont sensiblement toujours de la même durée, et donc en équinoxe à longueur d’année. [3 p.95]
  6. Un observateur positionné sur la face cachée de la Lune ne verra jamais la Terre. [3 p.105]
  7. Durant un mois lunaire (29.5 jours), l’observateur verra les phases de la Terre comme nous voyons les huit phases de la Lune, incluant la pleine Terre. [3 p.109] “Quand c’est la pleine Lune sur la Terre, c’est la nouvelle Terre sur la Lune, quand c’est la pleine Terre sur la Lune, c’est la nouvelle Lune sur la Terre.” [3 p.111]
  8. Il n’y a pas de “lever et coucher de la Terre” sur la Lune. [3 p.111] La Terre semble immobile dans le ciel de la Lune et les phases de la Terre apparaissent successivement. [3 p.112]
  9. Le “clair de Terre” est “environ cinquante fois plus lumineux que le clair de (pleine) Lune.” Notre planète a un plus grand diamètre et en plus, est en couleurs dans un ciel noir. [3 p.121] 
  10. On voit la planète Terre tourner sur elle-même. Il est donc possible de reconnaître les continents, les océans, les pôles… [3 p.121]

Bonus: 

  • Étant donné qu’il n’y a pas d’atmosphère, on peut mieux distinguer les couleurs des étoiles. [3 p.131]
  • Nous ne pouvons identifier les mêmes constellations que nous avons nommées sur Terre, car nous n’observons pas du même angle. [3 p.131]
  • On voit le Soleil comme un disque blanc. [3 p.89]
Un astronaute d’Apollo 12 (1969) et le Soleil, un grand disque blanc éblouissant. Crédit: NASA.

Les voyages d’Apollo sur la Lune grâce à la collaboration avec des femmes scientifiques

Le nom du programme de la NASA vient du dieu grec du Soleil: Apollo. [5 p.60] Entre 1964 et 1976, on a posé les pieds sur la Lune six fois. [2 p.13] Au total, douze hommes auront fait cet exploit incroyable. 

L’astronaute David Scott à bord d’Apollo 9 (1969) regardant la Terre. Crédit: NASA.

Les astronautes ont le même réflexe que les voyageurs à bord d’un avion: prendre une photo du hublot. Dans le cas ici d’Apollo 10 (1969), on voit le module lunaire revenir au module de commande et de service après sa mission. Crédit: NASA.

Plusieurs femmes ont collaboré depuis la Terre au succès d’Apollo sur la Lune. De nombreux domaines d’expertise étaient nécessaires, dont une nouveauté: l’informatique. Margaret Hamilton et son équipe ont développé le logiciel qui a permis aux missions d’Apollo de marquer l’Histoire. Sa force fut notamment d’insister à procéder à de robustes tests afin de prévoir les erreurs et éviter l’inévitable. 

Margareth Hamilton, la femme qui a inventé le terme “génie logiciel” (software engineering), photographiée devant le code source du système embarqué d’Apollo. Crédit: NASA.

JoAnn Morgan était ingénieure (Measurement and Instrumentation Engineer and a Data Systems Engineer) [9] et fut la seule femme dans la salle de contrôle lors de l’envol d’Apollo 11. Elle avait fait ce choix de carrière, dans les années 60, car elle était dans une quête insatiable de nouvelles connaissances et d’exploration. [9]

JoAnn Morgan était la seule femme présente dans la salle de lancement, lors de la mission Apollo 11 (1969). Crédit: Le Parisien – NASA.

Nouveau programme Artemis de la NASA: Une femme marchera sur la Lune vers 2024

Artemis est le nom de la sœur jumelle du dieu grec du Soleil Apollo. Elle est également une déesse, mais plutôt associée à la Lune. Le programme qui succède à Apollo est présenté avec de la diversité dans toutes les équipes.

L’astronaute Christina H Koch en route vers l’International Space Station (ISS). Crédit: Christina H Koch – NASA.

Vidéo de la NASA expliquant pourquoi nous retournons sur la Lune et comment :

Crédit: NASA.

Conclusion

Une recherche fascinante grâce à une seule photo de la pleine Lune prise dans mon jardin.

Vidéo de National Geographic présentant une magnifique synthèse sur le sujet de notre satellite naturel:

Crédit: National Geographic.

Références

[1] Alimi, Jean-Michel. Pourquoi la nuit est-elle noire? [Paris] : Le Pommier, 2002. 
[2] Kitt, Michael T. La Lune : un guide d’observation pour l’astronome amateur. La Prairie : Broquet, c1994.
[3] Messineo, Florence. Promenade sur la Lune. Paris : Ellipses, c2008. 
[4] Lacroux, Jean. Découvrir la Lune. Paris : Larousse, 2005.
[5] Le Grand guide de l’astronomie 5e éd. GLENAT, 2020.
[6] Photos d’archive des programmes Apollo sur Flickr, NASA.
[7] NASA: Remember the Women Who Made #Apollo50th Possible
[8] Le Parisien: Apollo 11 : le «petit pas pour l’homme» n’aurait pas eu lieu sans ces femmes
[9] NASA: Rocket Fuel in Her Blood: The Story of JoAnn Morgan

Objectif: Photographier la Voie lactée avec le Sky-Watcher Star Adventurer 2i


La Voie lactée, photographiée à St-Michel-des-Saints en septembre 2021. Canon 6D Mark II sur la monture équatoriale Sky-Watcher Star Adventurer 2i, 14–24 mm à 14mm, ISO 500 f / 2.8 : 4 images superposées avec un total de 14 minutes d’exposition. Crédit: Anne Gauthier


C’est la première fois que je fais de l’astrophotographie. Je me suis planifié une session sur cinq nuits afin d’avoir le temps d’apprendre la technique et maximiser mes chances d’avoir une bonne météo.

Destination: St-Michel-des-Saints, dans le nord de Lanaudière au Québec.

Dans cet article, je décris comment j’y suis arrivée avec des photos en exemple pour démontrer chaque étape d’apprentissage. J’ai également mis les liens de certains tutoriels que j’ai visionnés.

Que voyons-nous exactement?

Représentation artistique de la Voie lactée et de ses bras. Crédits: NASA/JPL-Caltech/R. Hurt (SSC/Caltech)

Ce qu’on voit est en fait une portion d’un bras de notre galaxie, un mixte de gaz et de poussières. Avec l’application Solar Walk 2, je me suis baladée dans notre système solaire pour visualiser le phénomène. En voici un extrait:

Une balade dans notre galaxie avec Solar Walk 2 pour visualiser ce qu’on voit de la Voie lactée depuis la Terre. Crédit: Anne Gauthier

La préparation à l’astrophotographie

Équipements:

  • Trépied Manfrotto
  • Boîtier Canon 6D Mark II
  • Lentille Sigma 14-24mm F2.8
  • Star Adventurer 2i : monture équatoriale qui permet de suivre la rotation de la Terre pendant la prise de photos à longue exposition. Voir la vidéo YouTube de Peter Zelinka “Basic Overview“.
  • La saison pour voir la Voie lactée au Canada est entre février et septembre. Durant l’été, on la verra à l’horizontale et vers septembre, elle est à la verticale.
  • La phase de la lune est importante. En nouvelle Lune c’est idéal, car elle n’éclaire pas le ciel. J’ai consulté le calendrier lunaire avec l’application The Moon: Calendar Moon Phases. Ma session était du 5 au 9 septembre.
Un calendrier lunaire pour planifier une session d’astrophoto de la Voie lactée idéalement sans la lune. The Moon: Calendar Moon Phases
  • À St-Michel-des-Saints, le taux de pollution lumineuse est relativement bas, comparé à Montréal où on ne voit pas la Voie lactée. Consulter le site LightPollutionMap
Une carte de la pollution lumineuse selon la position géographique. Idéalement, le plus bas possible. LightPollutionMap
  • Vérification régulière de la météo de nuit avec le radar (MétéoMédia).
  • Vérification du pourcentage de couverture de nuages durant les heures de la nuit (TaMétéo). Idéalement en bas de 20%.
Vérifier régulièrement la couverture de nuages durant la nuit (idéal: moins de 20%). TaMétéo
  • Savoir le moment où les objets célestes intéressants passeront dans le ciel en utilisant l’application Night Sky. Configurer une date précise et voir en accéléré le mouvement des objets célestes durant la nuit. Stellarium est aussi très intéressant. Un aperçu:
Visualisation du passage des objets célestes selon la date et l’heure avec Night Sky.

La courbe d’apprentissage est abrupte

Le problème en étudiant la technique durant le jour, dans son salon, c’est qu’on ne voit pas d’étoiles, donc cette étape préliminaire est faite aveuglément, mais est tout de même nécessaire. Ça se corse quand on démarre notre session en pleine noirceur. Le froid, la fatigue et l’environnement nocturne peuvent affecter notre patience. En astrophoto, il faut rester calme et surtout travailler lentement et doucement: briser l’équipement parce qu’on ne voit rien serait bien dommage.

J’ai passé des heures sur YouTube. J’ai bien aimé entre autres Peter Zelinka et AstroExploring. J’ai commencé par monter mon boîtier 6D Mark II avec une lentille 14–24 mm afin de comprendre comment faire l’alignement polaire, sans quoi, les étoiles ressemblent à des virgules sur une photo de plus de 30 secondes. Il faut être très précis.

La nuit, durant une session, si quelque chose n’allait pas, je revenais à l’étape 1, car tout est fragile en faisant une photo de longue exposition. Si le trépied n’est pas à niveau, si l’équipement n’est pas balancé, si l’alignement polaire est désaligné, et un paquet d’autres facteurs: le résultat ne sera pas satisfaisant.

Étape 1: Trépied à niveau, boîtier + lentille 14–24 mm, maximum 25 secondes d’exposition

Tout est manuel: le focus de la lentille et les configurations de la caméra. J’ai mis à off les paramètres automatiques du boîtier pour éviter tous traitements de la caméra qui pourraient la faire bouger ou qu’elle essaie d’améliorer une photo noire. En mode Bulb, j’ai également désactivé la fonctionnalité “mirror lockup” pour bloquer le miroir et ainsi éviter une vibration.

Photo 1: nuit 1 / 5 à minuit. 20 secondes.

Photo 1: nuit 1 / 5 à minuit. Canon 6D Mark II, 14–24 mm à 14mm, ISO 4000 f / 2.8 20 secondes. Avec traitement Lightroom minimal. Crédit: Anne Gauthier

Deuxième photo: f/2.8, ISO 40 000. À un ISO si élevé, ce n’est que pour voir ce que mes yeux ne voient pas et ajuster la composition de mon image. L’émerveillement monte d’un cran: c’est la première fois que je voyais la galaxie Andromède (la petite soucoupe milieu vers la droite sur la photo ci-dessous).

Photo 2: nuit 1 / 5 à minuit. 15 secondes.

Photo 2: nuit 1 / 5 à minuit. Canon 6D Mark II, 14–24 mm à 14mm, ISO 40 000 f / 2.8 15 secondes. Aucun traitement Lightroom. Crédit: Anne Gauthier

Je positionne la lentille pour améliorer la composition et je fais plusieurs tests. La nuit continue de s’installer, les sons de la nature deviennent de plus en plus étranges. J’avais le “vertige inversé”: une impression que les arbres allaient me tomber dessus. Des nuages s’installent aussi par moment. J’ai dû reporter une session à la nuit suivante… la météo change vite. Après chaque test, je vérifie dans mon écran en zoomant dans la photo pour voir la qualité de l’image: est-ce flou? Trop clair? Trop noir? J’ajuste.

Une fois une certaine satisfaction atteinte, toujours à f/2.8, j’ai diminué l’ISO à 800 et réglé l’appareil pour être déclenché à intervalle de 3 secondes et prendre 10 photos. J’ai mis un retardateur de 2 secondes pour éviter que le déclenchement ne fasse pas bouger l’appareil. Chaque matin, je téléchargeais mes photos dans Lightroom et je fusionnais une série de photos pour en créer une seule. Il y a des séries que j’ai prises que je pensais bonnes en regardant dans l’écran de la caméra, mais depuis l’ordinateur, malheureusement non. Il faut faire beaucoup de tests.

Étape 2: Trépied + Star Adventurer 2i + 14–24 mm avec plus de 2 minutes d’exposition

La technique se corse à l’étape de l’alignement polaire (Polar Alignment) avec le Star Adventurer 2i. En plein jour, j’avais fait du repérage pour identifier quelques points de vue où je pourrais installer mon équipement pour que l’étoile Polaire soit dans mon champ de vision.

L’alignement polaire permet au Star Adventurer 2i, un petit moteur, de tourner au rythme de l’objet céleste sélectionné (étoiles, Lune ou Soleil) en fonction de la rotation de la Terre. Sur une longue exposition, la monture équatoriale nous permet d’avoir des étoiles claires et nettes sur nos photos.

Photo 3: nuit 3 / 5 à 2am. 5 minutes

Dans le coin droit en haut, c’est l’axe de rotation. Mon alignement polaire n’était pas bon, donc j’ai des traînées d’étoiles sur une photo de 5 minutes.

Photo 3: nuit 3 / 5 à 2am. Canon 6D Mark II, 14–24 mm à 14mm, ISO 800 f / 2.8 297 secondes (≈5 min). Avec traitement Lightroom. Crédit: Anne Gauthier

Pour arriver à faire correctement l’alignement polaire, il faut trouver l’étoile Polaire (Polaris). Une application sur le téléphone aide aussi pour s’orienter, mais il faut la voir de ses yeux pour pouvoir ajuster correctement le Star Adventurer 2i.

Repérer l’étoile Polaire. Crédit: NASA

Les étapes à suivre:

  • Configurer la latitude (St-Michel-des-Saints = 46e parallèle)
  • Ajuster le Star Adventurer 2i pour aligner précisément l’étoile Polaire selon l’année, la date et l’heure. J’utilise l’application SA Console. Le petit point gris est l’endroit exact pour positionner l’étoile Polaire dans le viseur.
SA Console: pour positionner exactement l’étoile Polaire selon l’heure exacte de la session photo (Polar Alignment).

Positionner la lentille vers la Voie lactée et balancer l’équipement sur le Star Adventurer 2i.

J’ai utilisé un câble entre mon boîtier et le Star Adventurer 2i pour que celui-ci déclenche la photo avec le temps d’exposition par défaut (120 secondes environ). J’ai aussi utilisé le mode Bulb avec une minuterie réglée à 5 minutes et un retardateur de 2 secondes. Malheureusement, le mode Wi-Fi ne fonctionnait pas sur le Star Adventurer 2i, car j’aurais pu le contrôler par l’application SA Console. Un intervalomètre est cependant idéal si la fonction n’est pas disponible directement dans le boîtier.

Vérifier l’alignement polaire au moindre mouvement de l’équipement.

Photo 4: nuit 3 / 5 à minuit. 15 secondes.

Mon boîtier a roulé sur le Star Adventurer 2i, car il n’était pas bien fixé.

Photo 4: nuit 3 / 5 à minuit. Canon 6D Mark II, 14–24 mm à 15mm, ISO 10 000 f / 2.8 15 secondes. Avec traitement Lightroom minimum et monochrome. Crédit: Anne Gauthier

Photo 5: nuit 4 / 5 à 11pm. 3 images superposées, total de 260 secondes (≈4 min).

Beaucoup de bruit dans l’image et de pollution lumineuse (lumière de sécurité du garage qui a allumé), passage de nuages et j’aurai dû prendre une photo des arbres en premier plan.

Photo 5: nuit 4 / 5 à 11pm. Canon 6D Mark II, 14–24 mm à 15mm, ISO 2000 f / 2.8 : 3 images superposées total de 260 secondes (≈4 min). Avec traitement Lightroom. Crédit: Anne Gauthier

Photo 6: nuit 4 / 5 à 2.30am. 25 secondes.

Découragée, j’ai décroché de la Voie lactée pour profiter du lac et du ciel étoilé. À noter qu’il était 2.30 du matin. De mon point de vue, il faisait très noir, mais ma caméra a capté des nuances d’orange.

Photo 6: nuit 4 / 5 à 2.30am. Canon 6D Mark II, 14–24 mm à 15mm, ISO 2500 f / 2.8 25 secondes. Avec traitement Lightroom. Crédit: Anne Gauthier

À ma 5e nuit, j’ai réussi mon défi: photographier la Voie lactée sans traînée d’étoiles. Après cette série de photos (seulement de 4), les nuages sont revenus ce qui a mis fin à ma session de cinq nuits d’astrophoto.

Je suis allée consulter des tutoriels sur Lightroom pour faire de la post-production sur la fusion de mes quatre images de la Voie lactée.

Photo 7: nuit 5 / 5 à minuit. 4 images superposées, total de 14 minutes d’exposition.

Photo 7: nuit 5 / 5 à minuit. Canon 6D Mark II, 14–24 mm à 14mm, ISO 500 f / 2.8 : 4 images superposées avec un total de 14 minutes d’exposition. Avec traitement Lightroom. Crédit: Anne Gauthier

Gros plan sur Andromède:

Cette galaxie est sensiblement de la même taille que la nôtre et elle est notre voisine. Elle fait aussi partie du Groupe Local, composé d’une quarantaine de galaxies. Selon les mesures cosmiques, Andromède n’est qu’à 2.5 millions d’années-lumière de nous. N’est-ce donc pas fascinant de capter cette chose avec son appareil photo?

Andromède, la galaxie voisine de la Voie lactée. Crédit: Anne Gauthier

Une des photos de la série utilisée pour la photo finale (240 secondes), sans traitement Lightroom:

Une des photos de la série (240 secondes), sans traitement Lightroom. Crédit: Anne Gauthier

Étape 3: Star Adventurer 2i + télescope Evostar 72ED + intervalomètre + une centaine de photos ayant un total d’une heure d’exposition

La prochaine étape: apprendre à travailler avec le télescope Evostar 72ED monté sur mon boîtier. J’ai testé avec une photo, à 1am, nuit 5 sur 5 et je me suis dit que j’avais encore beaucoup à apprendre!

Photo 8: nuit 5 / 5 à 1am. Canon 6D Mark II, télescope Evostar 72ED, ISO 6400 240 secondes. Traitement Lightroom minimal pour rire de soi-même. Crédit: Anne Gauthier

Conclusion

En résumé, voici l’endroit où j’ai pris les photos de la Voie lactée:

Crédit: NASA