Dans le registre de la photographie du ciel nocturne, les aurores boréales sont un sujet magique. Je suis partie au Yukon pour vivre cette expérience inoubliable.
Destination: Haines Junction près du 61e parallèle, à 2 heures de route de Whitehorse.
Dans cet article, je décris 6 leçons que j’ai apprises pendant mon voyage d’une semaine au pays de la ruée vers l’or.
Que voyons-nous exactement?
Aux pôles de notre planète, lorsque les particules des vents solaires atteignent notre champ magnétique, nous avons droit au spectaculaire phénomène des aurores boréales.
Équipement pour photographier les aurores boréales
- Trépied Manfrotto
- Boîtier Canon 6D Mark II
- Lentille Sigma 14-24mm F2.8
- Lumière frontale
- Vêtements techniques très chauds (on reste immobile longtemps…)
- Application mobile pour recevoir des alertes lorsqu’il y a des aurores boréales
- Application mobile pour surveiller la météo et la couverture nuageuse
- Bonus si c’est également la saison pour la Voie lactée: Application mobile pour repérer la trajectoire de la Voie lactée dans la voûte céleste
Leçon 1: Choisir sa destination, le temps de l’année pour observer les aurores boréales, prévoir au moins 4-5 nuits et … ne pas avoir des attentes trop élevées
Le Yukon est fascinant. C’était mon coup de cœur pour vivre mes premières expériences en observation d’aurores boréales. Je suis partie une semaine à la fin mars 2022, voici pourquoi:
- La saison des aurores boréales au Yukon est théoriquement de la mi-août à la mi-avril;
- Je me suis décidée à partir en février, mais je devais attendre une semaine qu’il n’y avait pas de Lune, ce qui m’amène à la fin mars;
- Il y a trop de pollution lumineuse à Whitehorse, la capitale du Yukon, j’ai donc choisi la région de Kluane National Park and Reserve, plus spécifiquement parce que la plus haute montagne du Canada, le Mount Logan avec ses 5,959 mètres s’y trouve;
- J’ai prévu au moins 5 nuits pour maximiser mes chances d’en voir.
Malgré toutes mes bonnes volontés, les probabilités que je n’en voie aucune étaient élevées. Il suffit que le ciel se couvre de nuages et c’est fini. Ce sont des phénomènes naturels, nous n’avons donc aucun contrôle.
Surtout durant l’hiver au Yukon. Mais ça fait partie de la fabuleuse expérience.
Leçon 2: Se préparer à passer des nuits blanches dehors, au froid, pour admirer le spectacle
Pour ce type d’expérience, sur 5 jours, j’avais organisé une petite routine nocturne et glaciale:
- Prévoir plusieurs vêtements techniques, et en couches, pour se protéger du froid. Rester immobile longtemps peut glacer le sang rapidement, surtout quand il faut manipuler son équipement au froid, avec les doigts gelés.
- Des coups de vent inattendus peuvent arriver à tout moment. Je réglais mon trépied très bas pour éviter qu’il ne bascule et je restais toujours proche, au cas où. Donc, je devais être assise par terre. Un système de serviette de bain dans la salopette d’hiver sert non seulement comme une protection envers la neige, mais aussi de petit banc.
- J’étais toujours à un cheveu d’être enrhumée. Pour éviter d’hypothéquer le reste de mon voyage, je coupais mes nuits en 2 ou 3 séances pour aller boire du thé, me réchauffer et dormir un peu. Je savais que je devais rentrer quand je devenais étourdie et que mes épaules étaient lourdes comme un bloc de glace.
- Les séances se déroulent entre 22 heures et 3 heures du matin. En coupant mes nuits en 3 séances, la persévérance est de mise, car il vient difficile de se lever au son du cadran pour une autre nuit, à 2h du matin. Mais ça vaut le coup de se rhabiller comme un astronaute pour aller voir dehors.
- L’équipement au froid réagit différemment. Les batteries se déchargent plus rapidement. Il ne faut pas rentrer le boîtier et la lentille du froid au chaud. J’avais donc une batterie de caméra de rechange dans mon manteau d’hiver, collée dans ma chaleur. J’avais un sac étanche, ceux utilisés pour les sports aquatiques, afin d’y insérer ma caméra au complet et de le refermer soigneusement, et ce, dehors, au froid – avant de rentrer à l’intérieur. Ainsi, la condensation se fait à l’extérieur du sac étanche, et non sur la caméra et la lentille. Finalement, avoir une lampe frontale est essentiel.
- Il n’y a pas eu de 5e nuit, c’était couvert de nuages.
À ce moment, c’est la seule fois que j’ai observé les couleurs à l’œil nu. C’est comme si un rideau se déroulait doucement dans le ciel, très doucement. L’expression “à couper le souffle” prend tout son sens. Avec la tête basculée vers l’arrière pour voir tout le ciel, c’est un spectacle inoubliable. J’en ai encore des frissons.
Leçon 3: Effectuer des recherches visuelles de jour pour identifier les endroits où photographier les aurores boréales. Car elles partent et reviennent, à différents endroits dans le ciel
Plusieurs avantages:
- C’est plus joli une photo ayant un point de repère terrestre avec une aurore boréale. Il faut avoir plusieurs options, car les plans peuvent changer vite;
- Éviter de se blesser. Un soir, j’ai dû, à la dernière minute, choisir un autre site que je ne connaissais pas. Arriver sur place et marcher dans l’environnement inconnu pour placer l’équipement m’ont valu plusieurs crises cardiaques en perdant pied, car je ne connaissais pas le terrain. Tomber c’est une chose, tomber avec l’équipement en est une autre.
Littéralement au milieu de nulle part au Yukon, les aurores boréales sont apparues de ce côté, il y avait le Mount Archibald au loin que j’ai essayé d’inclure:
Leçon 4: La caméra peut capter beaucoup plus de lumière et de couleur que notre oeil
Sur l’image ci-dessous, je ne voyais pas les aurores boréales de couleur verte dans le ciel. Je voyais plutôt des nuages gris danser dans le ciel. Ma caméra, elle, voyait les teintes vertes et mauves. J’ai augmenté l’ISO pour observer jusqu’où ma caméra pouvait m’amener. Mais évidemment cet exercice nuit à la qualité des photos. C’est mieux de rester à ISO 800 maximum. Le boîtier était réglé à ouverture maximale, f2.8.
Leçon 6: le Yukon est aussi à découvrir de jour, donc c’est un voyage de type “jour et nuit”
Durant le jour, je faisais de longues distances en voiture pour découvrir les paysages le long de la fameuse Alaska Highway. Je m’arrêtais régulièrement pour faire des randonnées en raquette, seule, au milieu de nulle part.
Je faisais une sieste en arrivant de mon road trip vers 16h. Je soupais au lodge vers 19h, une autre sieste et la nuit commençait.
En revenant de ce type de voyage, on réalise que nous sommes marqués à vie: il y a un “avant le Yukon” et un “après le Yukon”.
Lien vers Flickr pour d’autres photos du Yukon.